Le soleil se lève et l’inévitable réveil se pointe
à l’horizon, le son du réveille-matin se fait entendre et déjà je déteste cette
nouvelle journée. Assis sur le bord du lit, le levé de ce corps est de plus en
plus difficile. Prisonnier de mon propre malheur, acteur secondaire dans ma
propre vie, l’image que me renvoi le miroir, n’est pas l’image de ce que je
suis. La routine se bute à ma vie et m’irrite comme de la poudre à gratter dans
un caleçon, ce que clairement je mérite. Le sommet, voilà ou je me vois mais le
chemin du succès est parsemé d’embuche et les victoires quotidiennes ne payent
pas le loyer du prochain trentenaire quotidien qui s’en vient.
Assis en motion, je regarde les mêmes visages tous
les jours finissant en ‘’di’’ sauf le same est ce sans émotions. Des visages si
familiers mais pourtant étrangers, l’un vieillissant, l’autre étonnant, l’un
sensuel et l’autre jadis cible d’une pelle. L’amour n’est pas un concept que
j’assimile, comment peut-on m’aimer, quand je ne m’aime pas moi-même. Comment
autrui qui ne sont pas autres truits payé pour me donner de l’amour peuvent-ils
même y penser. Autre truits payé grassement, il fut un temps, pour qu’avec
leurs seins pourvus d’un gros investissement me caresse le visage doucement en
attendant que l’hymne érotique se taise et de mon portefeuille remplis
amplement à la sueur de ma voix, se vide rapidement. Le rêve de ce que je suis
est un cauchemar que je dois vivre chaque jour.
L’échelle en bas de laquelle je suis est la plus
haute échelle du monde et moi, simple soldat dans une armée dont je suis
supposé être le général, est pris de vertige vertigineux dont la peur et
l’enracinement de l’échec sont mes meilleures alliées. Dès la première marche
franchie, je regarde au sol, si confortable et misérable, qu’entends-je? Un
craquement? Cette échelle saura-elle supporter le poids énorme du singe qui a
pris place dans mon dos? Douleur dans la vie réelle, rêveur dans l’irréalité et
endormis face à ma propre agonie, je monte à tâtons pensant que je suis un
imposteur dans ma propre vie et amateur, fut-il un temps aspirant roi, des
formes graisseuses mais pourtant délicieuses appelé tetons.
À chaque barre, barreau, bourreau que je franchis,
je me dois de penser à ma propre vie. Je me vois là où je dois, je ne fais pas
ce qu’il se doit au final, je ne fais rien du tout en respectant les lois.
L’autoroute sur laquelle je me suis engagé est une route typiquement
québécoise, démolie, anéantie, dangereuse et j’arrête soudainement en plein
milieu d’un pont. Je regarde au loin vers l’horizon et je ne vois pas plus loin
que le bout de mon nez. J’ose regarder en bas et je vois aussi loin que la
mousse de mon propre nombril qui ressemble à un long tunnel. La montée est si
longue que je me décourage, seul. Pourquoi aurais-je besoin d’aide pour me dire
que je suis voué à l’échec? Le singe dans mon dos me souffle à l’oreille d’une
voix bien trop familière que le sommet n’est pas fait pour moi. Seul ceux qui
sont opulents et descendants de l’opulence parentale ont le dois de rêver à des
jours meilleurs. Je suis né pour un petit pain, alors je dois me contenter des
miettes qu’on voudra bien me lancer. Je descends, le singe est content et moi,
pourquoi ne le serais-je pas? J’ai juste à ouvrir grand la bouche et attendre
les miettes. Qui suis-je pour critiquer le plus vieux métier du monde? J’ai
juste à me pencher, fermer les yeux et faire semblant que j’aime ça pour que ma
retraite soit bien dorée et me dire qu’avec le temps les valeurs qui sont
miennes et les rêves que je chéris sont dépassées. Au bas de l’échelle le
sommet semble trop haut pour même m’y aventurer. À quoi ai-je pensé de même
vouloir essayer?
Un retour toujours en motion et les visages sont
aussi étrange qu’étranger. Debout à m’agripper à un poteau tel qu’une danseuse
exotique, j’écoute de la musique qui me berce les tympans si fort que les
regards de mécontentement des étranges étrangers me conforte dans mon choix
aussi bruyant qu’apaisant. Les arrêts se succèdent à une vitesse folle et la
goutte de sueur qui jadis perlait dans le milieu de mon front est rendu bien
confortablement écrapoute, avec les reste des gouttes rendus rivière, dans mon
caleçon vert. Mes fesses ressortis sont manifestement agréable à toucher car un
parapluie, enfin je l’espère, essai de s’y faufiler avec autant de doigté
qu’une femme célibataire pour qui la question : est-ce que ça roule? Rime
avec : pas autant que ma bille!
La lune se pointe le rond de la joue et elle joue à
la cachette avec les nuages venus arroser le plaisir que j’ai déjà à marcher et m’intimider
dans la noirceur déjà bien installer avant d’avoir pris le repas de soirée. Je
me brosse les dents et le visage que je vois n’est pas celui que je suis. Les
traits tirés et les poches sous les yeux sont là pour me rappeler que
l’inévitable insomnie qui m’accompagne en début de nuit m’attends non loin des
bras de cet homme qui refuse que je me berce en son sein le morpheux de Morphée.
Mon lit aussi confortable puisse-t-il être recèle des angoisses aussi profondes
qu’irréalistes et ce motton répugnant décoloré qui me sert d’oreiller m’attends
avec la ferme intention de recueillir encore une fois mes idées de grandeur
pendant que je suis le plus gros des plus petits hommes sans envergures. Si
j’étais un aliment à ce moment même je
serais une crêpe beaucoup trop cuite et beaucoup trop tourné. Toutes les
positions inconfortables pour dormir sont maintenant épuisées et mon haleine du
matin a déjà eu le temps de se former et encore je ne dors pas. Je regarde à
travers le store de ma chambre, la nuit est claire et la lune m’éclaire de
toute sa lueur et je peux sentir son regard pesant sur moi et entendre son rire
pendant qu’elle me dit que je dois me lever car demain n’est qu’une autre très
longue journée sans émotions dans la vie d’un insignifiant paresseux sans
ambitions. Je m’endors finalement avec le devoir du sentiment accomplis, je
n’ai rien fais et en soit c’est réconfortant car aujourd’hui je n’ai rien
essayé, alors je n’ai pas échoué. Un doux sourire se forme, je me sens bien,
détendu tel un fellationné en série duquel aucune goutte de nectar reproducteur
n’est encore aspirable. La lune s’est tut et le singe aussi, pendant que je
pense à des lèvres aussi douces que professionnelles, enfin un peu de
réconfort.