mercredi 6 novembre 2013

Chère Élise

Chère Élise,

Je déambule seul dans les rues de la métropole, la tristesse est la compagne idéale à mes côtés. Je vois des couples se former et se déformer, s’embrasser et s’embraser, mais rien ne semble me consoler. La mélancolie accompagne mes nuits à défaut de t’avoir dans mon lit. Mes pas à travers la cité ne sont que répétition jour après jour. Je visite les endroits que nous aimions tant et me demande pourquoi devait tu me quitter ainsi. Les jours passent et ton parfum, ton odeur, ta douceur semblent s’estomper avec les souvenirs qui me rattachaient à toi. Les gens qui s’aiment ne devraient pas être séparé, alors pourquoi m’as-tu quitté si soudainement. Dans la pénombre noirceur de la nuit l’angoisse envahissante de ta présence est omniprésente. Je te sens, je te vois et je t’entends dans tous les recoins de mes sentiments. Tu as été longtemps la source de réconfort de mon corps et maintenant celui-ci te réclame à grand renfort, puisses-tu l’entendre.

Après une vie à tes côtés, je n’étais pas prêt à te voir partir. Loin l’idée de m’imposer entre toi et la volonté du tout-puissant mais si j’avais eu la force je l’aurais défié pour que je puisse te garder. La longue agonie que tu as subie ne m’a pourtant pas fait réaliser que tu ne serais plus là.

La vie ne vaut pas la peine d’être vécu si tu n’es pas là avec moi. Comme j’aimerais te rejoindre. Tu aimais tellement la vie que même dans la mort tu m’en voudra d’avoir pris ce qui avait le plus d’importance à tes yeux, ma vie. La douleur de ta perte n’a pas d’égale, mais la souffrance de perdre tous les souvenirs de toi me semble encore plus douloureuse. Il y aura un moment ou dans ma tête, il n’y aura plus un souvenir de toi et cette pensée qu’un jour je puisse ainsi t’oublier est une source de chagrin. J’aimerais échanger le reste de ma vie pour avoir avec toi qu’une seule autre nuit. J’écoute Fur Élise et je me demande à quel moment est-ce que tu disparaîtra à jamais de mes souvenirs, À quel moment cette mélodie si chère à nos yeux ne sera qu‘un son d‘ambiance à la radio? Puisse-t-il être le cas, je te demande de me garder une place à tes côtés pour qu’enfin nous puissions nous retrouver. Le vieil homme malade que je suis amorce non sans regrets le voyage au centre de ses souvenirs. Chaque jour à venir ma tête laissera partir des parties de ma vie. J’oublierais ainsi, ta perte, ton agonie, nos petits-enfants, nos projets, nos enfants, notre maison, notre mariage, notre première nuit ensemble, notre rencontre et c’est ainsi que cinquante années d’une vie seront évanoui à cause d’une maladie.

Ma tête va t’oublier mais sache que dans mon cœur, et ce pour aussi longtemps que je vivrais, tu resteras.

Je t’aimerais toujours.

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