dimanche 8 décembre 2013

La douleur



Le soleil se lève et l’inévitable réveil se pointe à l’horizon, le son du réveille-matin se fait entendre et déjà je déteste cette nouvelle journée. Assis sur le bord du lit, le levé de ce corps est de plus en plus difficile. Prisonnier de mon propre malheur, acteur secondaire dans ma propre vie, l’image que me renvoi le miroir, n’est pas l’image de ce que je suis. La routine se bute à ma vie et m’irrite comme de la poudre à gratter dans un caleçon, ce que clairement je mérite. Le sommet, voilà ou je me vois mais le chemin du succès est parsemé d’embuche et les victoires quotidiennes ne payent pas le loyer du prochain trentenaire quotidien qui s’en vient.

Assis en motion, je regarde les mêmes visages tous les jours finissant en ‘’di’’ sauf le same est ce sans émotions. Des visages si familiers mais pourtant étrangers, l’un vieillissant, l’autre étonnant, l’un sensuel et l’autre jadis cible d’une pelle. L’amour n’est pas un concept que j’assimile, comment peut-on m’aimer, quand je ne m’aime pas moi-même. Comment autrui qui ne sont pas autres truits payé pour me donner de l’amour peuvent-ils même y penser. Autre truits payé grassement, il fut un temps, pour qu’avec leurs seins pourvus d’un gros investissement me caresse le visage doucement en attendant que l’hymne érotique se taise et de mon portefeuille remplis amplement à la sueur de ma voix, se vide rapidement. Le rêve de ce que je suis est un cauchemar que je dois vivre chaque jour.

L’échelle en bas de laquelle je suis est la plus haute échelle du monde et moi, simple soldat dans une armée dont je suis supposé être le général, est pris de vertige vertigineux dont la peur et l’enracinement de l’échec sont mes meilleures alliées. Dès la première marche franchie, je regarde au sol, si confortable et misérable, qu’entends-je? Un craquement? Cette échelle saura-elle supporter le poids énorme du singe qui a pris place dans mon dos? Douleur dans la vie réelle, rêveur dans l’irréalité et endormis face à ma propre agonie, je monte à tâtons pensant que je suis un imposteur dans ma propre vie et amateur, fut-il un temps aspirant roi, des formes graisseuses mais pourtant délicieuses appelé tetons.

À chaque barre, barreau, bourreau que je franchis, je me dois de penser à ma propre vie. Je me vois là où je dois, je ne fais pas ce qu’il se doit au final, je ne fais rien du tout en respectant les lois. L’autoroute sur laquelle je me suis engagé est une route typiquement québécoise, démolie, anéantie, dangereuse et j’arrête soudainement en plein milieu d’un pont. Je regarde au loin vers l’horizon et je ne vois pas plus loin que le bout de mon nez. J’ose regarder en bas et je vois aussi loin que la mousse de mon propre nombril qui ressemble à un long tunnel. La montée est si longue que je me décourage, seul. Pourquoi aurais-je besoin d’aide pour me dire que je suis voué à l’échec? Le singe dans mon dos me souffle à l’oreille d’une voix bien trop familière que le sommet n’est pas fait pour moi. Seul ceux qui sont opulents et descendants de l’opulence parentale ont le dois de rêver à des jours meilleurs. Je suis né pour un petit pain, alors je dois me contenter des miettes qu’on voudra bien me lancer. Je descends, le singe est content et moi, pourquoi ne le serais-je pas? J’ai juste à ouvrir grand la bouche et attendre les miettes. Qui suis-je pour critiquer le plus vieux métier du monde? J’ai juste à me pencher, fermer les yeux et faire semblant que j’aime ça pour que ma retraite soit bien dorée et me dire qu’avec le temps les valeurs qui sont miennes et les rêves que je chéris sont dépassées. Au bas de l’échelle le sommet semble trop haut pour même m’y aventurer. À quoi ai-je pensé de même vouloir essayer?

Un retour toujours en motion et les visages sont aussi étrange qu’étranger. Debout à m’agripper à un poteau tel qu’une danseuse exotique, j’écoute de la musique qui me berce les tympans si fort que les regards de mécontentement des étranges étrangers me conforte dans mon choix aussi bruyant qu’apaisant. Les arrêts se succèdent à une vitesse folle et la goutte de sueur qui jadis perlait dans le milieu de mon front est rendu bien confortablement écrapoute, avec les reste des gouttes rendus rivière, dans mon caleçon vert. Mes fesses ressortis sont manifestement agréable à toucher car un parapluie, enfin je l’espère, essai de s’y faufiler avec autant de doigté qu’une femme célibataire pour qui la question : est-ce que ça roule? Rime avec : pas autant que ma bille!

La lune se pointe le rond de la joue et elle joue à la cachette avec les nuages venus arroser le plaisir que j’ai déjà à marcher et m’intimider dans la noirceur déjà bien installer avant d’avoir pris le repas de soirée. Je me brosse les dents et le visage que je vois n’est pas celui que je suis. Les traits tirés et les poches sous les yeux sont là pour me rappeler que l’inévitable insomnie qui m’accompagne en début de nuit m’attends non loin des bras de cet homme qui refuse que je me berce en son sein le morpheux de Morphée. Mon lit aussi confortable puisse-t-il être recèle des angoisses aussi profondes qu’irréalistes et ce motton répugnant décoloré qui me sert d’oreiller m’attends avec la ferme intention de recueillir encore une fois mes idées de grandeur pendant que je suis le plus gros des plus petits hommes sans envergures. Si j’étais un aliment  à ce moment même je serais une crêpe beaucoup trop cuite et beaucoup trop tourné. Toutes les positions inconfortables pour dormir sont maintenant épuisées et mon haleine du matin a déjà eu le temps de se former et encore je ne dors pas. Je regarde à travers le store de ma chambre, la nuit est claire et la lune m’éclaire de toute sa lueur et je peux sentir son regard pesant sur moi et entendre son rire pendant qu’elle me dit que je dois me lever car demain n’est qu’une autre très longue journée sans émotions dans la vie d’un insignifiant paresseux sans ambitions. Je m’endors finalement avec le devoir du sentiment accomplis, je n’ai rien fais et en soit c’est réconfortant car aujourd’hui je n’ai rien essayé, alors je n’ai pas échoué. Un doux sourire se forme, je me sens bien, détendu tel un fellationné en série duquel aucune goutte de nectar reproducteur n’est encore aspirable. La lune s’est tut et le singe aussi, pendant que je pense à des lèvres aussi douces que professionnelles, enfin un peu de réconfort.

3 commentaires:

  1. J'aime vraiment ça. Beau et triste et absurde. C'est vraiment bon ce que tu écris! :)

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  2. M'a t'en faire vous! Tu me connais assez pour me tutoyer. ;)
    C.

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